Peut-on vraiment être addict au sucre?
Voila une question qu’on se pose beaucoup et que j’entends très fréquemment en consultation : « Je suis addict au sucre ».
Mais c’et possible, ça, d’avoir une addiction au sucre ?
Dans un premier temps, il me semble important de rappeler ce qu’est une addiction. L’OMS la définit comme « Une pathologie qui repose sur la consommation répétée d’un produit ou la pratique excessive d’un comportement qui conduit à une perte de contrôle du niveau de la consommation ou de la pratique ; une modification de l’équilibre émotionnel. »
Dans les critères qui permettent de diagnostiquer une addiction, on parle, entre d’autres choses, d’un besoin irrépressible de consommer la substance et d’une perte de contrôle sur la consommation. Il y en a beaucoup d’autre, mais pour aujourd’hui, je me contenterais d’aborder que ces deux-là.
Déjà, pour moi, le sucre ne peut pas être considérée comme une substance addictive. Parce que quand on me dit « je suis addict au sucre », il y a toujours un sous-entendu, je suis addict aux produits sucrés, comme le chocolat, les bonbons, les biscuits… Je n’ai jamais entendu quelqu’un me dire, je suis addict au sucre qui viennent de la pomme, du riz ou des pommes de terre… Pourtant, du point de vue purement de la chimie moléculaire, une molécule de glucose qui vient d’un bonbon et une molécule de glucose qui vient d’une feuille d’épinard, c’est exactement la même chose !
Un biologique avec son microscope ne saura pas faire la différence entre ses deux molécules de glucose. Le corps humain non plus. Lui, il a une notice sur la façon dont il doit gérer cette molécule de glucose et il suivre sa notice sans chercher a en connaitre son origine.
De plus, un nutriment qui a un rôle vital dans le fonctionnement du corps humain ne peut pas être considéré comme une substance addictive. Et oui, notre métabolisme humain (c’est-à-dire la somme de tous les mécanismes chimiques de notre corps) sont basés sur les sucres et sur les graisses. On va avoir besoin de sucre pour apporter l’énergie dont notre corps à besoin pour réaliser ses tâches quotidiennes.
Donc, quand on consomme du sucre, on ne répond pas à « un besoin irrépressible de consommer » du sucre, mais on répond juste à un besoin biologiquement fondamental et vital. Quand notre corps réclame du sucre (par une sensation de faim ou par une envie sucrée), le fait de lui apporter du sucre est une réponse parfaitement normale.
Dans le schéma de l’addiction, il y a également l’impression de perte de contrôle face à la quantité consommée. C’est effectivement quelque chose qu’on peut retrouver dans l’alimentation. Là, je ne parle pas que du sucre, parce que cette perte de contrôle, on peut la retrouver dans n’importe quelle prise alimentaire et quel que soit l’aliment.
Dans ce cas-là, rien à voir avec une quelconque addiction, même si le comportement que l'on peut avoir face à une compulsion alimentaire peut y faire penser.
Ces compulsions sont souvent accompagnées d'un sentiment de perte de contrôle.
S’il y a une perte de contrôle, c’est qu’à la base, il y a un contrôle sur l’alimentation. Et pour moi, qui dit contrôle alimentaire, dit alimentation troublée (dans le sens, j'entend par alimentation troublée « l'absence de sérénité dans la prise alimentaire »). Dans ces cas-là, il peut être intéressant de s’interroger sur l’origine de ses pertes de contrôle, en sachant qu’elles peuvent être nombreuses et propres à chaque personne. Bien souvent, elles sont en lien avec une insatisfaction quelconque au niveau d’un repas.
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